« J’étais à leur service dans leur campement. Ils m’ont mariée à un homme qui m’a divorcé alors que j’étais enceinte. »
Je suis une esclave de naissance de la fraction Imouchagh Touaregue. J’étais à leur service dans leur campement. Ils m’ont mariée à un homme qui m’a divorcé alors que j’étais enceinte. Etant dans mon état de grossesse je ne bénéficiais d’aucun soutien. J’ai quitté nuitamment le campement des maitres pour me rendre à Gossi où j’ai accouché de deux jumelles grâce à l’assistance d’une parente. Une semaine après mon accouchement mon maitre est venu me chercher pour me ramener à son campement .J’ai refusé de le suivre avec l’argument que je venais d’accoucher et que je ne suis pas encore en état de travailler .Un jour un frère est venu me voir pour me dire que la vie de la ville est très dure pour moi pour question de moyens d’existence ; il m’a proposé de partir avec lui à son campement en brousse et j’ai accepté et on est parti chez lui. C’est là qu’on a reçu la visite d’un chamelier, c’était au moment crépusculaire, après les salutations on lui a souhaité la bienvenue. Lorsque nous nous apprêtions à nous coucher, il a dit à mon frère ainé : demain matin soit tu pars avec moi soit c’est ta sœur qui va partir. Le garçon lui a rétorqué, il n’est pas question que ce soit moi. Le lendemain matin pendant que je m’affairais à lui préparer son petit déjeuner, l’homme préparait aussi son chameau, ma petite sœur se réveilla et il l’agrippa pour l’asseoir derrière la selle de son chameau, moi aussi j’ai attrapé la main de la fillette et il s’est mis à me rouer de coups et malgré les coups que je recevais, je n’ai pas lâché la main de ma petite sœur. Jusqu’aujourd’hui je porte encore les cicatrices de ces coups au front. Ma petite sœur vit encore avec moi actuellement mais avec la peur d’être enlevée à tout moment. Mon souhait le plus ardent c’est d’être rétablie dans mes droits, si j’en ai car je n’ai personne au monde. Je veux vivre en toute sécurité mes enfants et moi.